La géothermie progresse en France comme dans le monde. Cette énergie renouvelable encore discrète révèle un potentiel considérable, illustré par la centrale géothermique de Rittershoffen en Alsace.
La géothermie fait partie du paysage énergétique français. Présente dans plusieurs régions, cette énergie renouvelable est portée par des projets locaux, des usages variés, un potentiel encore sous-exploité.
En France, la production d’électricité à partir de la géothermie s’élève à 127 GWh. Cette filière progresse grâce aux projets implantés dans les zones les plus favorables, comme l’Alsace ou l’Île-de-France.
L’usage principal reste le chauffage, via les réseaux de chaleur alimentés par des forages profonds. La géothermie profonde permet de fournir de la chaleur à plusieurs milliers de logements à partir d’un unique puits. À cela s’ajoutent les installations individuelles de pompe à chaleur géothermique (secteur résidentiel).
La France compte plusieurs centrales géothermiques réparties sur son territoire, selon les caractéristiques géologiques locales. Deux types d’installations se distinguent : les centrales électriques et les centrales de production de chaleur.
La seule centrale géothermique électrique en métropole se trouve à Soultz-sous-Forêts, en Alsace (expérimentale mais fonctionnelle). En Guadeloupe, la centrale de Bouillante fournit de l’électricité depuis plusieurs décennies.
L’Île-de-France regroupe la majorité des réseaux de chaleur géothermiques, avec des sites actifs à Paris, Pantin, Rueil-Malmaison ou Le Chesnay. Ces installations alimentent plusieurs quartiers résidentiels ou équipements publics. En région, d’autres sites complètent la carte géothermique française : Toulouse, Rouen, Strasbourg, Besançon, Versailles ou encore les Côtes d’Armor. Certains départements, comme la Sarthe ou la Bretagne, misent sur des forages à faible profondeur ou des projets pilotes.
La centrale géothermique de Rittershoffen incarne un modèle d’exploitation durable des ressources du sous-sol. Située en Alsace, elle alimente un site industriel en chaleur renouvelable, tout en limitant les émissions de CO₂. Ce projet pilote illustre le potentiel de la géothermie profonde en France.
Depuis 2017, la centrale géothermique de Rittershoffen (Bas-Rhin) alimente en chaleur renouvelable une usine agroalimentaire située à 15 kilomètres. Grâce à deux forages profonds de 2 500 mètres, l’installation capte une eau à 170 °C avant de la réinjecter à 70 °C après usage. Cette boucle fermée, conçue dans le cadre du projet ECOGI (Exploitation de la Chaleur d'Origine Géothermale pour l'Industrie), fournit chaque année 180 GWh de chaleur à 155 °C à la bioraffinerie Roquette, soit 25 % de ses besoins.
La centrale de Rittershoffen exploite la géothermie profonde à haute température. Elle capte la chaleur naturelle présente à environ 2 500 mètres sous terre, dans une zone riche en failles géologiques. Ce système repose sur le principe d’un doublet géothermique : un premier puits injecte de l’eau dans la roche chaude, tandis qu’un second puits récupère l’eau réchauffée.
L’énergie extraite chauffe ensuite un fluide secondaire via un échangeur thermique, qui alimente un réseau de chaleur sans contact direct avec le fluide géothermal. Ce procédé garantit la sécurité du système en limitant les émissions polluantes.
Pour en savoir plus, consultez l’article : Comment est produite l’énergie géothermique ?
La centrale affiche une puissance thermique installée de 27 MW pour une production annuelle de 180 GWh et une disponibilité supérieure à 8000 h/an .
Ce type d’installation repose sur une ressource locale renouvelable, sans combustion. Il n’est pas prévu de production électrique à Rittershoffen. Le projet se concentre sur la fourniture de chaleur directe, plus efficace dans les usages industriels.
Le modèle de Rittershoffen pourrait être reproduit dans d’autres zones géothermiques actives, notamment dans le bassin parisien ou en Alsace.
La géothermie ne libère pas de CO₂ ni de particules fines (fonctionnement silencieux). Elle induit une valorisation continue de la chaleur du sous-sol, indépendamment des conditions météorologiques.
Son exploitation soulève aussi des enjeux géologiques. L’injection d’eau à grande profondeur peut provoquer des micro-séismes, comme observé à proximité de certains sites alsaciens. Afin de limiter ces risques, des protocoles stricts de surveillance sismique sont mis en place.
La centrale de Rittershoffen s’inscrit dans une approche concertée avec les collectivités locales, les industriels, les acteurs de la recherche (ES Géothermie, BRGM, Université de Strasbourg), afin d’optimiser le rendement tout en maîtrisant les impacts.
Pour aller plus loin, découvrez les avantages et inconvénients de l’énergie géothermique.
L’énergie géothermique s’intègre progressivement dans les politiques de transition énergétique à l’échelle internationale. Certains pays ont su exploiter leurs ressources géologiques. L’objectif ? Produire de l’électricité, alimenter des réseaux de chaleur ou réduire leur dépendance aux énergies fossiles.
L’Islande figure parmi les pionniers. Grâce à un sous-sol très actif, ce pays couvre plus de 90 % de ses besoins en chauffage à partir de la géothermie. Des centrales comme Hellisheiði, à proximité de Reykjavik, produisent à la fois de l’électricité et de la chaleur destinées aux réseaux urbains. Le modèle islandais repose sur une ressource accessible, mais aussi sur une stratégie de développement volontariste.
Aux États-Unis, le plus grand parc géothermique mondial se situe en Californie. La zone des Geysers, dans les montagnes de Mayacamas, regroupe 18 centrales. Ce complexe alimente plusieurs centaines de milliers de foyers.
La plus grande centrale géothermique au monde se situe à The Geysers, en Californie. Ce site emblématique fonctionne depuis les années 1960. Il repose sur un réservoir de vapeur sèche, à faible profondeur, utilisé pour faire tourner des turbines.
The Geysers en Californie constitue un modèle d’exploitation industrielle de la ressource. Grâce à ses faibles émissions, il présente un impact carbone inférieur à celui des centrales thermiques classiques.
En comparaison, les projets européens se concentrent davantage sur la production de chaleur, comme à Rittershoffen, en raison des conditions géologiques spécifiques.
Face à l’urgence climatique, aux objectifs de neutralité carbone, la géothermie se positionne comme une solution d’avenir. Son développement reste encore limité par des freins techniques, économiques ou réglementaires, mais les perspectives s’élargissent.
La géologie française présente plusieurs zones favorables à l’exploitation de la chaleur souterraine. Les principales régions identifiées dans les scénarios prospectifs sont :
La géothermie pourrait fournir 10 TWh de chaleur d’ici 2030 en France.
La géothermie représente moins de 1 % de la demande énergétique mondiale. Elle reste concentrée dans un petit nombre de pays, principalement les États-Unis, l’Islande, l’Indonésie, la Turquie, le Kenya, l’Italie.
En 2024, la production mondiale d’électricité géothermique atteint 96,7 TWh (principalement aux États-Unis, Indonésie, Philippines). La production de chaleur (environ 410 TWh) concerne 88 pays (en tête : Chine, États-Unis, Turquie). Avec l’amélioration des technologies combinée à la baisse des coûts, la géothermie pourrait couvrir jusqu’à 15 % de la croissance de la demande mondiale d’électricité d’ici 2050.
La géothermie joue un rôle complémentaire dans le mix énergétique. Elle présente l’avantage d’être pilotable, contrairement au solaire ou à l’éolien. Elle assure ainsi une production de chaleur en continu, sans dépendre des conditions météorologiques.
Dans le cadre de la stratégie française bas carbone, la géothermie est identifiée comme une énergie renouvelable stratégique pour les besoins thermiques des bâtiments publics, des logements collectifs ou de certaines industries.
Les politiques de soutien doivent combiner la simplification des procédures de forage, la formation des professionnels du secteur avec le renforcement des aides à l’investissement.
La géothermie reste encore sous-exploitée en France, malgré son fort potentiel ainsi que ses bénéfices environnementaux. De la centrale de Rittershoffen aux grands projets menés en Islande ou aux États-Unis, cette énergie renouvelable démontre sa capacité à fournir une chaleur stable, locale, décarbonée. Une fois les outils de financement activés, une fois les freins réglementaires levés, elle peut s’imposer comme une solution majeure dans la transition énergétique.
Environ 80 installations de géothermie de surface sont aujourd’hui en service sous forme de réseaux de chaleur. Deux centrales de géothermie profonde sont en service : Rittershoffen et Soultz-sous-Forêts. À cela s’ajoute la centrale de Bouillante en Guadeloupe, seule centrale de production électrique géothermique active sur le territoire français.
Le plus grand complexe se trouve en Californie, à The Geysers.
Elle peut réduire la consommation de gaz ou de fioul dans le secteur résidentiel ou tertiaire, en fournissant une chaleur renouvelable constante.
