Éolien en France : quelle place pour cette énergie renouvelable ?
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07 octobre 2025
- Dina Hayan - Temps de lecture : 6 min

L’éolien en France s’impose comme un levier essentiel de diversification de la production d’électricité avec l’objectif de réduire les émissions. Quelle est sa contribution réelle au mix énergétique national ?
Quelle est la part de l’éolien dans la production d’énergie en France ?
La contribution de l’éolien à la production d’électricité reflète à la fois le dynamisme des politiques publiques et des choix industriels destinés à accélérer la transition vers un modèle bas carbone.
Contribution de l’éolien au mix énergétique
Au 1er trimestre 2025, la production éolienne en France atteint 13,7 TWh, soit 10,3 % de l’électricité consommée en France métropolitaine - dont 1,2 TWh pour l'éolien en mer. L’éolien terrestre contribue pour l’essentiel à cette production, avec 24,8 GW de puissance installée (23,3 GW d'éolien terrestre et 1,5 GW d'éolien en mer).
Comparaison avec les autres énergies renouvelables
L’énergie éolienne constitue la première source d’électricité renouvelable en France, devant l’hydroélectricité et le photovoltaïque. À titre de comparaison, la production solaire photovoltaïque représente 5,4 TWh sur la même période, soit environ 3,8 % de la consommation d’électricité. Le parc hydroélectrique reste historiquement dominant, mais son développement est limité par des contraintes géographico-environnementales. L’éolien progresse comme levier stratégique d’accélération de la transition énergétique.
Objectifs nationaux et européens
La Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) fixe pour l’éolien terrestre un objectif de puissance installée compris entre 33,2 et 34,7 GW d’ici 2028 (contre 21,9 GW en 2023). Pour l’éolien en mer, la cible se situe entre 5,2 et 6,2 GW sur la même échéance (contre 1,5 GW installés en 2023).
Ces ambitions s’inscrivent dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe. Il impose aux États membres d’atteindre 42,5 % d’énergies renouvelables dans leur consommation finale d’ici 2030.
À titre de comparaison, l’Allemagne dispose déjà de plus de 60 GW de puissance éolienne installée en 2024, soit plus de 20 % de sa consommation électrique. Une illustration parfaite du retard structurel français malgré une accélération récente des projets.
Pour aller plus loin, découvrez notre article sur la puissance éolienne.
État actuel du parc éolien en France
Le développement du parc éolien reflète l'engagement progressif de la France vers un modèle énergétique plus durable.
Nombre d’éoliennes installées
En 2025, la France compte environ 10 000 éoliennes réparties sur l’ensemble du territoire. Le rythme de raccordement reste stable : 74 MW ont été ajoutés au premier trimestre 2025, principalement via des projets de renouvellement « repowering ». Cette stratégie (remplacer d’anciennes machines par des modèles plus performants) vise à optimiser la production électrique sans augmenter le nombre total de mâts.
Répartition géographique par région et département
Le parc éolien se concentre dans les Hauts-de-France, le Grand Est, la Bourgogne-Franche-Comté, l’Occitanie. Ces régions bénéficient de conditions favorables : des vents réguliers, une disponibilité foncière avec une structuration des filières industrielles. Des départements, comme la Somme ou l’Aube, dépassent les 1 000 MW de puissance installée. À l’inverse, les zones littorales de la Méditerranée ou les grandes agglomérations affichent une densité plus faible, en raison de contraintes paysagères ou urbanistiques.
Exemples de parcs emblématiques (terrestres et offshore)
Le parc de Fère-Champenoise dans la Marne, avec plus de 120 MW de puissance installée, figure parmi les plus vastes en France continentale. En mer, le parc éolien de Saint-Nazaire, premier du genre à avoir été raccordé au réseau en 2022, développe une capacité de 480 MW. D’autres projets offshore se préparent, comme ceux de Dieppe-Le Tréport ou de Yeu-Noirmoutier, destinés à soutenir l’objectif national d’électrification bas carbone.
La Provence-Alpes-Côte d’Azur accueille par ailleurs une première ferme pilote d’éoliennes flottantes, mise en service fin 2024, avec une puissance de 25 MW. Cette innovation ouvre la voie à un déploiement en zones profondes.
Comment fonctionne une éolienne en France ?
Au-delà de leur silhouette dans le paysage, les éoliennes reposent sur une technologie complexe.
Les composants principaux
Une éolienne convertit l’énergie cinétique du vent en électricité. Elle repose sur 4 éléments essentiels : un mât, une nacelle, un rotor avec un système de raccordement électrique. Le rotor capte l’énergie du vent grâce à ses pales. La nacelle abrite l’alternateur. Celui-ci transforme le mouvement mécanique en courant électrique. L’électricité produite transite ensuite par des câbles jusqu’au réseau de distribution.
Pour en savoir plus, découvrez notre article sur le fonctionnement d’une éolienne.
Éolien terrestre vs éolien en mer
L’éolien terrestre reste majoritaire dans l’Hexagone, avec une implantation sur les plateaux, zones agricoles ou forêts dégagées. Il bénéficie de coûts d’installation plus faibles, d’un raccordement plus simple.
L’éolien offshore exploite des vents marins plus réguliers, puissants, souvent loin des côtes. Il se décline en 2 formes : posé (fondations fixes) ou flottant. La France teste cette technologie innovante en Méditerranée, avec des fermes pilotes déjà raccordées.
Quelle est la puissance moyenne et la taille des éoliennes en France ?
Une éolienne terrestre installée en France développe en moyenne une puissance de 1,8 à 3 MW. La hauteur des mâts varie généralement entre 80 et 100 mètres, avec des rotors mesurant de 80 à 110 mètres de diamètre. La taille croissante des éoliennes vise à maximiser leur rendement, des vents plus stables sont captés en altitude. Cette tendance accompagne aussi la volonté de réduire le nombre d’éoliennes au profit d’unités plus performantes.
Pour en savoir plus, lisez notre article sur le rendement d’une éolienne.
Les modèles offshore vont encore plus loin, avec des puissances de plus de 8 MW. À l’échelle d’un parc, cela représente plusieurs centaines de mégawatts raccordés au réseau. Ce dimensionnement répond aux enjeux de massification de la production renouvelable sur des zones maritimes à fort potentiel éolien.
Processus de fabrication et chaîne industrielle
Une éolienne nécessite des composants issus de filières industrielles variées. Les pales sont souvent fabriquées en composites à base de fibres de verre ou de carbone ; le mât en acier ou en béton ; la nacelle renferme des éléments mécaniques ou électriques de haute précision.
La France accueille plusieurs sites de production avec assemblage (mâts/nacelles). Les entreprises sont basées dans les Hauts-de-France ou dans la région Centre. Le développement de l’éolien offshore se traduit par la montée en puissance de chantiers portuaires comme celui de Saint-Nazaire, devenu un pôle industriel stratégique de l’éolien en mer.
Les enjeux économiques et environnementaux de l’éolien en France
L’éolien contribue à la production d’une électricité bas carbone. Sur l’ensemble de son cycle de vie, une éolienne terrestre émet de 10 à 16 g de CO₂ par kilowattheure, contre environ 450 g pour le gaz naturel, jusqu’à 1 000 g pour le charbon. Son déploiement participe activement à la neutralité carbone programmée à l’horizon 2050.
Sur le plan économique, la filière devrait générer des emplois autour de la conception, la construction, la maintenance ou la gestion des parcs. L’implantation des éoliennes stimule les territoires ruraux grâce aux retombées fiscales ou aux loyers versés aux propriétaires fonciers.
L’éolien permet de renforcer la souveraineté énergétique via la production locale d’une électricité compétitive. Une fois installée, une éolienne terrestre assure une production sur plus de 20 ans, sans dépendre de ressources importées. En complément, elle s’intègre de plus en plus à des solutions de stockage ou d’autoconsommation, notamment via des installations hybrides.
Quels sont les acteurs et les freins au développement de l’éolien en France ?
Le développement de l’éolien mobilise une filière industrielle en structuration, soutenue par des politiques publiques ou des investisseurs. Des freins locaux ou techniques influencent son déploiement.
Qui fabrique et installe les éoliennes en France ?
La majorité des éoliennes installées sur le territoire sont conçues par de grands constructeurs internationaux. Plusieurs entreprises françaises participent à la fabrication des composants : mâts, nacelles ou transformateurs. Les Hauts-de-France, la Normandie, le Grand Est concentrent une part importante de cette activité industrielle.
L’essor de l’éolien offshore, en particulier flottant, accélère la structuration d’une nouvelle filière. Des chantiers navals en Méditerranée s’adaptent afin d’accueillir la fabrication de flotteurs ou les opérations d’assemblage en mer. Le pacte éolien en mer signé en 2022 avec l’État prévoit plus de 20 000 emplois sur le territoire d’ici 2035, dont près de 12 000 dédiés à l’éolien en mer.
Quelles sont les principales limites au déploiement de l’éolien ?
Les projets éoliens rencontrent parfois une opposition locale. Ces controverses concernent la transformation du paysage, les nuisances sonores ou l’impact sur le patrimoine. Les parcs sont soumis à des études environnementales complètes avant toute autorisation. Ces études évaluent les risques encourus par la biodiversité (oiseaux ou chauves-souris), avec des mesures d’évitement ou de compensation.
L’acceptabilité sociale s’améliore lorsque les habitants participent à la gouvernance ou bénéficient directement des retombées économiques. La réglementation prévoit des procédures de concertation publique élargies, dès les phases amont du projet.
En savoir plus sur les avantages et inconvénients de l’énergie éolienne.
Comment sont financés les projets éoliens en France ?
Les parcs éoliens sont financés par des opérateurs privés, souvent à travers des sociétés de projet locales. Le modèle économique s’appuie sur le complément de rémunération : l’électricité est vendue sur le marché (de l’électricité), une prime est versée lorsque le prix est inférieur à un seuil défini par l’État. Ce mécanisme sécurise les revenus tout en laissant la place à la concurrence.
Le financement citoyen se développe parallèlement. Des habitants peuvent participer à la construction de parcs via des plateformes dédiées ou des coopératives. Ce type de montage renforce l’appropriation locale. Il soutient l’émergence de modèles territoriaux de transition.
Quels sont les projets éoliens en cours et à venir ?
De nouveaux parcs se développent, à terre ou en mer. L’essor de l’éolien flottant, les capacités de stockage ou les innovations industrielles façonnent déjà le futur de cette énergie renouvelable en France.
Nouveaux parcs terrestres et offshore
À la fin du premier trimestre 2025, la puissance des projets éoliens en cours d’instruction atteint 16,4 GW, dont 13 GW côté éolien terrestre, 3,4 GW côté éolien maritime.
Ces projets s’inscrivent dans la trajectoire fixée par la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Elle prévoit à l’horizon 2028 : de 33,2 à 34,7 GW installés sur terre, de 5,2 à 6,2 GW en mer.
Plusieurs parcs offshore sont en phase avancée de réalisation : Fécamp, Courseulles-sur-Mer, Saint-Brieuc ou Dunkerque. Ces projets fixent un nouveau cap vers le mix électrique : ils exploitent le potentiel éolien marin tout en réduisant la pression foncière à terre.
Innovations technologiques
L’éolien flottant marque un tournant de l’industrialisation de la filière. Les modèles flottants s’implantent en grande profondeur, au-delà de 50 mètres. La ferme pilote connectée fin 2024 en Méditerranée inaugure cette nouvelle génération de parcs capables de produire loin des côtes, dans des zones à fort potentiel venteux.
En parallèle, les technologies de stockage avancent afin de mieux intégrer l’énergie éolienne dans le réseau. Des batteries stationnaires, l’électrolyse (production de l’hydrogène) ou le couplage avec des stations de transfert d’énergie par pompage (STEP) complètent les solutions testées dans plusieurs territoires pilotes.
La filière investit dans la durée de vie des équipements ou dans le recyclage des matériaux (pales en composite). Ces innovations renforcent la durabilité du modèle économique de l’éolien en France.
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Combien d’éoliennes faudrait-il pour couvrir la consommation électrique de la France ?
En 2024, l’éolien a fourni 8,7 % de l’électricité produite en France métropolitaine, soit près de 47 TWh (environ 4 TWh en mer, 42,9 TWh à terre).
À titre prospectif, la PPE 3 (Programmation pluriannuelle de l’énergie 3) prévoit une production éolienne (terrestre/maritime) de 86 TWh en 2030, soit une hausse de près de 70 % par rapport à 2023, avec une contribution croissante de l’offshore.
L’éolien s’affirme comme un des piliers de la transition énergétique en France. Son développement, porté par l’innovation, contribue à une production d’électricité bas carbone. La filière doit, aujourd’hui, clairement concilier la performance, l’intégration territoriale et l’acceptabilité locale.
Questions de nos lecteurs
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La France compte environ 10 000 éoliennes en service, soit 24,5 GW de puissance installée (juin 2025).
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Les départements des Hauts-de-France, notamment la Somme ou l’Aisne, figurent parmi les plus équipés du territoire en termes de puissance installée.
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Une éolienne terrestre émet de 10 à 16 g de CO₂ par kWh produit, soit environ 30 à 50 fois moins qu’une centrale au gaz.
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La durée de vie d’une éolienne en France est d'environ 20 ans, avec des possibilités de repowering (remplacement par des modèles plus puissants).
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Une éolienne de 1,8 à 3 MW alimente en moyenne de 1 500 à 3 000 foyers selon les conditions de vent locales.
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Les projets sont financés par des opérateurs privés, parfois en partenariat avec des collectivités, avec un soutien public via un complément de rémunération défini par appel d’offres.
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L’éolien posé repose sur des fondations fixes en mer peu profonde. L’éolien flottant, plus récent, s’installe au large grâce à des structures flottantes dans le but d’exploiter de nouveaux gisements de vent.