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Aridoculture : des leçons pour demain

02 octobre 2025 - Julie Thomas - Temps de lecture : 5 min

Plenitude, en lumière, énergie, aridoculture, agriculture zone aride

Face au réchauffement climatique, des agriculteurs, chercheurs et collectivités inventent, adaptent et expérimentent des solutions. Qu’il s’agisse de technologies modernes ou de pratiques revisitées, de nouvelles solutions émergent pour garantir une production agricole viable même en milieu sec. On vous explique tout !

La sécheresse, un défi global

Les sécheresses s’intensifient partout : en 2022, l’Europe a connu un de ses étés le plus sec, et en France plus de la moitié des départements ont été placés sous restriction d’eau. Ces épisodes ne sont plus exceptionnels mais tendent à devenir la norme, mettant en difficulté l’agriculture, qui dépend directement de cette ressource.

Face à ce constat, les réponses se multiplient. Certaines reposent sur l’innovation technologique, comme l’irrigation de précision ou la culture hors-sol. D’autres réhabilitent des savoir-faire anciens : récupération d’eau de pluie, culture en terrasses, sélection de variétés résistantes. Dans plusieurs pays, ces méthodes transforment déjà des zones arides en espaces productifs. Leur essor montre qu’il est possible de s’adapter, à condition de repenser notre rapport à l’eau et d’investir dans des pratiques plus sobres et résilientes.

Des techniques adaptées à la rareté de l’eau

Face à la sécheresse, différentes techniques permettent d’économiser l’eau et de maintenir la production. Certaines solutions sont issues de technologies récentes, d’autres de savoir-faire anciens, mais toutes cherchent à tirer le meilleur parti de chaque goutte.

L’irrigation goutte-à-goutte

Cette technologie, devenue emblématique en Israël, permet d’apporter à chaque plante uniquement l’eau dont elle a besoin, directement à sa racine. En acheminant l’eau directement jusqu’aux racines de la plante, via un réseau de tuyaux percés de petits orifices, l’eau est délivrée lentement et en continu, ce qui évite les pertes par évaporation et ruissellement. Son principal frein reste le coût d’installation, encore trop élevé pour de nombreux exploitants. Pour un réseau aérien, il faut compter entre 2 000 et 2 500 €/ha selon la culture, et pour un système enterré entre 3 000 - 4 000 €/ha.

La récupération d’eau de pluie

La technique repose sur la collecte des eaux pluviales, généralement à partir des toits ou de surfaces aménagées, pour les stocker dans des citernes ou des bassins. Cette eau peut ensuite être utilisée pour irriguer les cultures au moment opportun. C’est une ressource gratuite et locale, qui contribue à sécuriser l’approvisionnement en eau. Toutefois, elle reste dépendante de la pluviométrie, ce qui la rend incertaine dans les régions où la pluie se fait rare ou imprévisible comme en Andalousie, au Rajasthan, au Queensland ou encore dans le Sud-Ouest de la France. Dans le Gers, plusieurs exploitations viticoles se sont équipées de cuves de récupération d’eau de pluie de grande capacité (jusqu’à 500 m³) pour sécuriser l’arrosage des jeunes plants de vigne en été.

L’agriculture hydroponique

L’hydroponie est une méthode de culture hors-sol où les plantes ne poussent pas dans la terre, mais dans un substrat neutre (sable, fibre de coco, billes d’argile) ou directement dans une solution nutritive. Les racines y puisent l’eau et les éléments minéraux nécessaires à leur croissance. Ce système permet de réduire fortement la consommation d’eau et de produire sur des sols impropres à l’agriculture, tout en accélérant la croissance des plantes. En revanche, elle demande une consommation énergétique importante pour faire fonctionner les systèmes et maintenir les solutions nutritives.

L’agriculture de conservation

Cette approche repose sur trois grands principes :

  • réduire au maximum le labour,
  • maintenir le sol couvert grâce à des plantes ou des résidus de culture,
  • diversifier les rotations.

En limitant le travail mécanique, on préserve la structure naturelle du sol et sa capacité à retenir l’eau. Les couverts végétaux protègent contre l’évaporation, réduisent l’érosion et nourrissent la biodiversité souterraine. À long terme, le sol devient plus fertile et plus résilient face aux sécheresses.

La culture en terrasse

Pratiquée depuis des siècles dans les régions montagneuses, la culture en terrasse consiste à transformer les pentes en une succession de plateaux. Ces aménagements ralentissent le ruissellement, retiennent l’eau et évitent que la terre fertile ne soit emportée. Elle permet de tirer parti de terrains difficiles et de les rendre cultivables même dans des conditions extrêmes, tout en optimisant l’humidité disponible pour les cultures.

Les plantes xérophytes

Certaines espèces, comme l’agave, le cactus ou le pistachier, sont naturellement adaptées aux climats secs.Ces plantes, dites « xérophytes »possèdent des mécanismes biologiques spécifiques :

  • des feuilles réduites ou épaisses pour limiter l’évaporation,
  • des racines profondes pour aller chercher l’eau,
  • des tissus capables de stocker l’humidité.

Ces espèces, encore peu exploitées en Europe, pourraient pourtant devenir des alliées précieuses face au réchauffement climatique. Elles nécessitent peu d’eau, tolèrent des températures élevées et peuvent enrichir la diversité des cultures.

Quand le désert devient fertile : des exemples inspirants

Israël, le miracle du Néguev

Dans le désert du Néguev, où les précipitations sont quasi inexistantes, l’agriculture aurait pu sembler impossible. Pourtant, grâce au perfectionnement de l’irrigation goutte-à-goutte, des parcelles rectilignes et verdoyantes surgissent au milieu du sable. Aujourd’hui, près de 80 % des tomates cerises d’Israël proviennent de cette région aride. Mais l’innovation ne s’arrête pas là : les agriculteurs utilisent aussi l’eau saumâtre des nappes souterraines pour développer des élevages de poissons et de crustacés, transformant un handicap en ressource. En combinant haute technologie et agriculture biologique, Israël démontre qu’il est possible de produire davantage avec toujours moins d’eau.

Égypte, le projet Oasis

Dans certaines zones désertiques d’Égypte, l’accès à l’eau est assuré par des systèmes d’irrigation alimentés à l’énergie solaire. Ce projet, appelé «Oasis »), transforme des étendues arides en terres agricoles productives. Les panneaux solaires fournissent l’énergie nécessaire pour pomper l’eau et irriguer les cultures, réduisant ainsi la dépendance aux énergies fossiles et rendant l’exploitation agricole plus durable. C’est un exemple concret de l’intégration entre agriculture et énergies renouvelables.

États-Unis, l’Université de l’Arizona

Au cœur d’un climat particulièrement chaud et sec, l’Université de l’Arizona a mis en place un jardin expérimental où chercheurs et étudiants testent différentes méthodes de culture adaptées aux milieux arides. On y cultive fruits et légumes en conditions réelles, tout en expérimentant des techniques d’économie d’eau, de protection contre la chaleur et d’adaptation variétale. Ce site est à la fois un laboratoire scientifique et un outil pédagogique, prouvant que la recherche académique peut déboucher sur des solutions applicables dans le quotidien agricole.

Chili, le désert d’Atacama

L’Atacama est considéré comme le désert le plus sec de la planète, avec parfois plusieurs années sans pluie. Pourtant, dans ce milieu extrême, l’agriculture trouve sa place grâce à deux leviers : le dessalement de l’eau de mer et la culture hydroponique. L’eau dessalée est utilisée pour irriguer des cultures hors-sol, installées dans des serres. Ce système évite la dépendance aux pluies quasi inexistantes et permet de produire des fruits et légumes frais pour les populations locales. C’est une prouesse technique qui prouve que même les zones les plus hostiles peuvent accueillir une agriculture durable si les bonnes infrastructures sont mises en place.

Un constat commun

D’Israël au Chili, en passant par l’Arizona et l’Égypte, une leçon se dégage : la résilience agricole passe par l’ingéniosité et une gestion rigoureuse de l’eau. Qu’il s’agisse de technologies de pointe, d’énergies renouvelables ou de pratiques de terrain, toutes ces expériences montrent qu’il est possible de cultiver là où l’eau manque, à condition de repenser nos modèles.

Et en France ? L’exemple du projet Du Carbone au Cœur des Sols

Face à la « méditerranéisation » du climat, la France innove aussi. L’APAD (Association pour la Promotion d’une Agriculture Durable) pilote le projet Du Carbone au Cœur des Sols (2023-2027), soutenu par le ministère de la Transition écologique via le label bas carbone.

Ce projet rassemble plus de 215 fermes dans plusieurs régions françaises avec un objectif : stocker du carbone dans les sols tout en les rendant plus fertiles et plus résistants à la sécheresse.

La recette repose sur les principes de l’agriculture de conservation des sols (ACS) :

  • la réduction voire la suppression du labour pour préserver la structure du sol;
  • la couverture permanente du sol, grâce aux végétaux qui protègent la terre nue du soleil, réduisent l’évaporation et nourrissent la vie microbienne;
  • la rotation des cultures diversifiée intégrant légumineuses et cultures profondes pour enrichir le sol.

Résultats attendus :

  • une meilleure infiltration et rétention d’eau,
  • une réduction drastique de l’érosion,
  • une baisse des intrants chimiques,
  • et un stockage de carbone valorisable économiquement grâce au label.

Et si vous voulez en apprendre plus, l’APAD offre un accompagnement collectif : formations, journées techniques, co-développement et suivi individuel pour soutenir la transition et garantir la pérennité des résultats.

Ce que nous avons à apprendre

Les expériences menées dans le Néguev, l’Atacama ou le Sahel nous enseignent trois choses essentielles, qui trouvent écho dans nos propres campagnes françaises.

  1. Chaque goutte compte : récupérer, recycler, irriguer avec précision.
  2. Les sols sont une éponge précieuse : leur santé conditionne leur capacité à stocker l’eau. Préserver la matière organique est vital.
  3. Diversifier pour résister : arbres, cultures adaptées, rotation. Plus le système est varié, plus il encaisse les chocs climatiques.

La sécheresse ne disparaîtra pas. Mais l’agriculture peut apprendre à vivre avec elle, à condition de combiner innovation technologique, savoir-faire traditionnel et intelligence collective.

En cultivant autrement, même les terres les plus arides peuvent redevenir vivantes.

Questions de nos lecteurs

L’aridoculture désigne l’ensemble des pratiques agricoles adaptées aux régions sèches ou soumises à un stress hydrique. Cela inclut des techniques modernes comme l’irrigation de précision, mais aussi des savoir-faire anciens comme la culture en terrasses ou l’usage de plantes résistantes à la sécheresse.

Le désert cumule plusieurs contraintes : très peu de précipitations, des températures extrêmes, des sols pauvres en matière organique et une forte évaporation de l’eau. Ces conditions limitent la croissance des plantes et nécessitent des solutions spécifiques.

Non. Si elles ont été mises au point dans des zones arides comme Israël ou le Chili, elles s’avèrent utiles dans toutes les régions confrontées à une pénurie d’eau, y compris en Europe. Elles offrent des solutions concrètes pour les exploitations touchées par les sécheresses répétées.

Oui. Certaines espèces comme le pistachier, l’amandier ou le figuier de Barbarie, traditionnellement cultivées en zones arides, commencent à être introduites dans le sud de la France et en Espagne. Elles pourraient représenter une partie de l’avenir agricole sous climat sec.

Oui. Plusieurs associations et collectifs, comme Du Carbone au Cœur des Sols ou Objectif SOL, travaillent sur la restauration de la fertilité des sols et sur l’adaptation des cultures aux nouvelles conditions climatiques. Ces initiatives misent sur la biodiversité, l’agroforesterie et la gestion durable de l’eau.

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