La transition énergétique ouvre la voie vers une nouvelle façon de produire et de consommer l’énergie. Avec l’essor des énergies renouvelables et la hausse des besoins en électricité, la flexibilité devient la clé : consommer au bon moment, produire au bon rythme, équilibrer en temps réel. Décryptage d’un levier souvent méconnu mais décisif de cette transition.
La flexibilité électrique et/ou flexibilité énergétique est un principe qui consiste à ajuster la consommation et la production d’électricité en fonction des besoins du réseau, afin d’équilibrer l’offre et la demande. Concrètement, la flexibilité électrique permet :
L’Union européenne s’est fixé l’objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Il s’agit d’équilibrer les émissions de carbone avec la quantité de carbone absorbée par les puits de carbone dans l’atmosphère. En d’autres termes, cela signifie que la quantité de carbone que nous rejetons dans l’air doit être égale à la quantité de carbone que la nature peut absorber.
Pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, la France a établi une feuille de route, la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), dans laquelle elle s’engage à relever plusieurs défis :
La transition énergétique repose en partie sur l'électrification accrue dans certains secteurs clés tels que la mobilité, le chauffage et l’industrie.
D’après l’Agence de la transition écologique (ADEME), 18 millions de véhicules électriques et 11,5 millions de pompes à chaleur sont attendus d’ici 2035.
Cette évolution engendre une hausse significative des besoins en électricité, avec des pics de consommation attendus sur certaines plages horaires.
Sans flexibilité, il faudrait surdimensionner le réseau et les moyens de production, ce qui serait une solution très coûteuse et peu durable.
Alors, la flexibilité du réseau électrique devient une nécessité pour que l’ensemble des consommateurs puissent consommer au mieux l’énergie.
Avec la hausse de la part des énergies renouvelables dans le mix électrique (sources d’énergies utilisées pour la production d’électricité d’un pays), la flexibilité devrait être davantage ancrée dans la gestion de la consommation.
Cependant contrairement aux centrales thermiques, les énergies renouvelables ne permettent pas d’ajuster la production sur demande. On peut observer des périodes de surplus, avec un vent et un ensoleillement élevé, et à l’inverse des périodes peu venteuses et peu ensoleillée.
Il est donc nécessaire que l’ensemble des acteurs coopèrent pour atteindre ces objectifs communs et pour que la transition énergétique soit assurée à temps.
Au niveau de la production, la flexibilité électrique consiste à ajuster la quantité d’électricité injectée dans le réseau selon les besoins et la disponibilité des moyens de production.
Aujourd’hui, les moyens de production de l’électricité ont évolué. L’électricité injectée dans le réseau n’est plus uniquement produite par des centrales nucléaires. L’électricité est désormais aussi produite à partir d’énergies renouvelables : le photovoltaïque et l’éolien.
Alors, à certaines périodes de la journée, et lorsque les énergies renouvelables sont disponibles, l’électricité produite est décarbonée, c’est-à-dire qu’elle génère peu voire pas d’émissions de gaz à effet de serre. Les consommateurs sont, au même moment, encouragés à consommer cette énergie.
Pour le consommateur, la flexibilité énergétique encourage à adapter sa consommation d'énergie en fonction des heures de la journée. En effet, il existe des périodes où la demande en électricité est plus forte, avec des pics de consommation situés entre 7h et 11h et entre 18h et 20h. Durant ces deux périodes, il est donc préférable de limiter l’usage énergétique.
Par exemple, il faut programmer la charge d’un véhicule électrique en journée, entre 11h et 17h, pendant une période creuse, où l’électricité décarbonée est plus disponible.
Concrètement, pour le consommateur, la flexibilité se traduit par une adaptation et la capacité de décaler les moments où il consomme l’énergie.
Même si elle présente beaucoup d’avantages, la flexibilité se heurte encore à quelques limites.
La flexibilité électrique impose des défis à relever pour que celle-ci soit davantage optimale.
Dans un premier temps, il faut que les infrastructures soient équipées des meilleures technologies, capables de suivre et d’ajuster la production en temps réel. Il en va de même pour la consommation, les consommateurs doivent pouvoir l’ajuster à tout moment, notamment avec la domotique.
Aussi, il faut parvenir à stocker l’énergie non utilisée, produite par les énergies renouvelables. Développer des infrastructures de stockage avec des batteries permettrait de limiter la perte.
Le consommateur recherche avant tout la simplicité dans son usage de l’électricité, tout en veillant à limiter son impact sur l’environnement. Afin de l’encourager positivement vers une utilisation plus responsable de l’énergie, des technologies et des outils émergent pour répondre aux défis qu’implique la transition énergétique.
En effet, la transition énergétique pousse à une modernisation progressive du réseau électrique afin d'atteindre les objectifs qui ont été fixés. Dans cette dynamique, l’émergence de la smart energy – une approche optimisée et intelligente de la gestion de l’énergie via les smart grids – illustre concrètement le rôle de l’innovation comme une réponse aux enjeux actuels.
En complémentarité de cette modernisation du réseau, des outils sont élaborés à destination des consommateurs.
Depuis quelques années, le Réseau de Transport d'Électricité (RTE), en partenariat avec l’ADEME, a mis en place le dispositif Ecowatt.
Gratuitement accessible, la “météo de l’électricité” informe sur l’état du réseau et indique les périodes les plus favorables de manière optimale. L’outil communique à travers trois signaux.
En cas de tension sur le réseau électrique, les consommateurs peuvent ainsi limiter la consommation pour éviter la saturation électrique.
Par ailleurs, Ecowatt vous informe si l’électricité produite et disponible est décarbonée !
Le compteur Linky, déployé par Enedis et présent dans 95 % des foyers français, est bien plus qu’un simple outil de mesure. Il permet de rendre la consommation d’électricité plus transparente, plus maîtrisable et plus flexible.
D’une part, il fournit aux consommateurs des données détaillées et quasi en temps réel sur leur consommation. Il est ainsi possible de visualiser sa consommation heure par heure, de comparer ses usages au fil du temps et d’identifier les postes les plus énergivores. Cette visibilité favorise une prise de conscience et incite à ajuster ses habitudes : reporter certains usages, limiter les pics ou mieux répartir la consommation dans la journée.
D’autre part, Linky facilite l’accès aux offres dites « heures pleines / heures creuses », qui incitent à consommer lorsque l’électricité est abondante et décarbonée.
Ces offres proposées par certains fournisseurs ont pour objectif de récompenser le consommateur lorsqu’il fait usage de l’électricité en heures creuses, c’est-à-dire sur des plages horaires (définies par Enedis) où la demande en électricité est plus faible, de jour comme de nuit. Pendant ces périodes, le prix du kWh est moins cher qu’en heures pleines, ce qui permet de réduire sa facture en programmant le fonctionnement d’appareils énergivores comme le lave-linge, le chauffe-eau ou encore la recharge d’un véhicule électrique ou hybride.
Enfin, le compteur joue aussi un rôle collectif : il permet à Enedis et aux gestionnaires de réseau de disposer d’une vision précise de la consommation nationale et locale. Cela améliore la gestion de la demande, limite les risques de surcharge et facilite l’intégration des énergies renouvelables.
Les smart grids sont des réseaux électriques intelligents qui utilisent des technologies numériques, des capteurs et de la communication en temps réel pour mieux gérer la production, la consommation et le stockage.
Leur objectif : optimiser l’efficacité énergétique, réduire les pertes et faciliter l’intégration des énergies renouvelables.
Les smart grids permettent donc de moderniser la distribution de l’électricité.
La flexibilité électrique n’est pas un concept réservé uniquement aux experts : c’est la clé d’un système énergétique plus propre et plus intelligent. En adoptant les bons réflexes et en s’appuyant sur les dernières technologies, chaque personne peut devenir un acteur de la transition énergétique.
La flexibilité électrique désigne la capacité à adapter en temps réel la consommation ou la production d’électricité en fonction des besoins du réseau. Elle permet d’équilibrer l’offre et la demande pour garantir la stabilité.
Le dispositif Ecowatt est une « météo de l’électricité » mise en place par RTE qui informe en temps réel sur le niveau de tension du réseau électrique en France et incite les consommateurs à adapter leur consommation lors des périodes de forte demande.
Un smart grid est un réseau électrique intelligent qui utilise des technologies numériques pour optimiser en temps réel la production, la consommation et le stockage de l’électricité, tout en intégrant les énergies renouvelables.
