Le bioéthanol est-il écologique ?
-
22 octobre 2025
- Dina Hayan - Temps de lecture : 7 min

En plein essor en France, l’E85 séduit par son prix ou son image de carburant vert. Mais quel est réellement l’impact écologique du bioéthanol ?
Qu’est-ce que le bioéthanol et comment est-il produit ?
Le bioéthanol est un biocarburant issu de la fermentation de matières végétales. Dans sa version superéthanol E85, il contient 65 à 85 % de bioéthanol, complété par de l’essence sans plomb. Cette distinction explique pourquoi le bioéthanol est classé parmi les carburants renouvelables.
Quelle est la différence entre éthanol et bioéthanol ?
L’éthanol est un alcool produit par fermentation, d’origine fossile ou végétale. Le bioéthanol, exclusivement végétal, est fabriqué en France surtout à partir de betteraves, de maïs, de blé, dont 83 % sont issus de l’agriculture nationale.
Quels sont les types de biocarburants existants ?
Les biocarburants regroupent plusieurs générations :
- les biocarburants de première génération, comme le bioéthanol, proviennent de cultures agricoles alimentaires (betterave, blé, maïs).
- Les biocarburants de deuxième génération utilisent les résidus agricoles ou forestiers (paille, bois, déchets végétaux).
- Enfin, une troisième génération est en développement à partir de microalgues, plus prometteuse mais encore expérimentale.
En pratique, le bioéthanol consommé en France reste de 1ère génération, même si des efforts sont en cours dans le but de diversifier les sources de production.
Pour aller plus loin, consultez notre article sur le biodiesel.
Le bioéthanol est-il vraiment bon pour l’environnement ?
Le bioéthanol constitue une alternative à l’essence fossile, avec un bilan carbone favorable mais des impacts indirects liés à sa production.
Est-ce que le bioéthanol est polluant ?
Sa combustion émet du CO₂, compensé en partie par l’absorption des plantes. En moyenne, l’E85 réduit d’environ 50 % les émissions de gaz à effet de serre sur son cycle de vie, comparé aux autres essences.
Il présente l’avantage de rejeter beaucoup moins de particules fines, de ne contenir aucun soufre, deux polluants majeurs responsables de la mauvaise qualité de l’air en ville.
Ce carburant n’est pas exempt d’impacts. La culture intensive des matières premières (betterave, maïs) nécessite des engrais, des pesticides. Ces intrants peuvent générer du protoxyde d’azote (N₂O), un gaz à effet de serre bien plus puissant que le CO₂, nuire à la biodiversité locale.
Quel est le carburant le plus écologique aujourd’hui ?
Parmi les carburants disponibles, le bioéthanol s’affiche comme l’un des plus sobres en émissions de gaz à effet de serre. En Europe, la directive impose une réduction minimale de 50 à 60 % des émissions par rapport aux carburants fossiles afin d’être considérés comme durables.
Les biocarburants dits de « deuxième génération », produits à partir de résidus agricoles, de paille ou de bois, vont encore plus loin. Ils n’entrent pas en concurrence avec la production alimentaire. Les biocarburants affichent un potentiel environnemental supérieur.
En parallèle, la mobilité électrique alimentée par des énergies renouvelables reste la solution la plus décarbonée, mais son déploiement massif implique une transformation en profondeur du parc automobile.
-
Un cadre réglementaire strict
L’Union européenne encadre la durabilité des biocarburants. Depuis la directive RED II (2018/2001), seuls les biocarburants affichant une réduction d’au moins 50 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport aux carburants fossiles sont comptabilisés comme énergies renouvelables (60 % pour les installations récentes). À partir de 2026, ce seuil passera à 65 %. Cette réglementation pousse la filière à améliorer ses pratiques agricoles et industrielles pour rester compétitive.
Pourquoi l’éthanol n’est-il pas considéré comme totalement durable ?
Le bioéthanol repose encore sur des cultures alimentaires (betterave, maïs, blé). Cela entraîne une concurrence potentielle avec les productions destinées à l’alimentation humaine ou animale, même si en France seulement 1 % des surfaces agricoles sont consacrées à ce biocarburant.
L’usage intensif des sols, l’irrigation, l’application d’engrais azotés posent des questions environnementales. Certaines études pointent aussi la formation de polluants secondaires (acétaldéhyde, formaldéhyde, ozone) lors de sa combustion.
Le bioéthanol réduit la dépendance aux énergies fossiles, limite certaines émissions mais il ne constitue pas une solution totalement neutre. Sa durabilité future dépend du développement de biocarburants de 2e ou 3e génération, produits à partir de résidus, d’algues ou de biomasse, mieux intégrés dans les cycles naturels.
Avantages et inconvénients du bioéthanol
Le bioéthanol séduit de plus en plus d’automobilistes grâce à son prix attractif ou à son meilleur bilan carbone (par rapport à l’essence fossile). Toutefois, son utilisation implique certains enjeux technico-environnementaux.
Quels sont les avantages du bioéthanol ?
Le premier avantage du bioéthanol est son prix. En 2025, l’E85 coûte 0,73 à 0,80 €/L, soit 1 € de moins par rapport au SP95-E10. Sur une base de 20 000 km, l’économie dépasse 1 070 €.
Sur le plan environnemental, son bilan carbone est plus favorable. Il permet de réduire d’environ 50 % les émissions de CO₂ par rapport à l’essence fossile.
Autre atout : 83 % des matières premières (betteraves, maïs, blé) sont françaises, un véritable soutien à l’agriculture locale dont l’objectif consiste à réduire la dépendance énergétique.
Il émet peu de particules, pas de soufre, améliore la qualité de l’air urbain.
Quels sont les risques de rouler au bioéthanol ?
Tous les véhicules ne sont pas compatibles avec l’E85. Seuls les modèles flex-fuel l’acceptent directement. Les autres nécessitent un boîtier homologué installé par un professionnel. En cas d’installation non conforme, le contrôle technique peut être refusé (pollution).
L’E85 entraîne une surconsommation de 25 à 30 % par rapport à l’essence, ce qui réduit l’économie.
Certains véhicules non adaptés peuvent aussi connaître une usure prématurée des durites, bougies ou injecteurs, du fait des propriétés corrosives de l’éthanol. Ce risque est limité avec les véhicules flex-fuel (E85) ou les conversions homologuées.
Le bioéthanol dans la mobilité et le chauffage
Le bioéthanol occupe une place croissante dans les usages énergétiques du quotidien. Il est aujourd’hui utilisé comme carburant des véhicules essence compatibles ou combustible dans les cheminées décoratives.
Quelle marque de voiture roule au bioéthanol ?
En 2025, environ 400 000 véhicules roulent au superéthanol E85 en France, dont 250 000 convertis grâce à un boîtier homologué. Les modèles dits « flex-fuel » fonctionnent indifféremment avec de l’essence classique ou du bioéthanol.
La conversion des voitures essence classiques est possible via un boîtier de conversion, homologué puis déclaré afin de rester en conformité avec le contrôle technique. Sans ce dispositif, un refus peut être prononcé en cas de pollution excessive.
Quel est l’entretien recommandé pour une voiture à éthanol ?
Rouler à l’E85 impose quelques précautions. Ce carburant est plus corrosif, cela peut accélérer l’usure de certaines pièces comme les durites, les injecteurs ou les bougies si elles ne sont pas adaptées. Les professionnels recommandent un suivi régulier, avec une vérification des organes du moteur ou des vidanges rapprochées.
Même avec un boîtier homologué, la consommation augmente de 25 à 30 % par rapport à l’essence, mais l’économie reste intéressante : environ 550 € par an avec 20 000 km parcourus, grâce au prix plus bas du carburant.
Quel est l’inconvénient d’une cheminée au bioéthanol ?
Les cheminées au bioéthanol ne constituent pas une solution de chauffage performante. Leur usage doit se limiter à un appoint. De plus, leur combustion dégage du CO₂. Une bonne aération des pièces est nécessaire.
-
Pourquoi mon feu au bioéthanol sent-il mauvais ?
Coût et disponibilité
Le bioéthanol séduit aussi par son prix compétitif et son réseau de distribution en pleine croissance. Son accessibilité en fait l’un des carburants alternatifs les plus attractifs en France.
Combien coûte 1 litre de bioéthanol ?
En 2025, le prix moyen du superéthanol E85 se situe entre 0,73 € et 0,80 €/L, soit environ un euro de moins par rapport au SP95-E10.
Où se procurer du bioéthanol et en quelle quantité ?
La France est l’un des pays les mieux équipés en Europe. En 2025, près de 3 900 stations-service distribuent du superéthanol E85 sur tout le territoire.
Ce carburant est accessible dans les stations des grandes enseignes ou dans des réseaux indépendants. Sa disponibilité croissante en fait une solution immédiate locale.
Alternatives et avenir du bioéthanol
Le bioéthanol joue déjà un rôle important dans la décarbonation du transport routier. Mais son avenir dépend de sa capacité à évoluer vers des filières plus durables, à coexister avec d’autres solutions énergétiques.
Quel est l’avenir du bioéthanol dans la transition énergétique ?
En 2024, l’E85 représentait 6 % du marché des essences en France, la dynamique continue en 2025 avec plus de 400 000 véhicules compatibles (flex-E85 ou convertis via boîtiers homologués).
L’objectif de la filière est d’aller vers un E85 100 % renouvelable, en remplaçant les 15 % d’essence fossile encore présents par des substituts biosourcés. Cela permettrait de renforcer son rôle dans la transition énergétique, notamment au-delà de 2035, quand la vente de véhicules thermiques neufs sera interdite dans l’Union européenne.
Le bioéthanol reste une solution de transition rapide, car il s’appuie sur les véhicules existants, un réseau déjà développé, contrairement à l’hydrogène ou à l’électrique qui nécessitent des infrastructures lourdes.
Par quoi peut-on remplacer le bioéthanol ?
Le bioéthanol n’est pas la seule alternative aux carburants fossiles. D’autres options émergent, chacune avec ses atouts ou ses limites.
- Biocarburants de deuxième génération : issus de résidus agricoles, forestiers ou de déchets organiques, ils permettent de produire de l’éthanol sans concurrence avec l’alimentation.
- Hydrogène vert : produit à partir d’énergies renouvelables, il pourrait alimenter les poids lourds ou le transport longue distance.
- Électricité renouvelable : la mobilité électrique, déjà en plein essor, reste la solution la plus décarbonée à long terme, mais elle implique une refonte complète du parc et du système de recharge.
Ainsi, le bioéthanol conserve une carte à jouer comme solution complémentaire, afin de réduire les émissions du parc automobile thermique encore en circulation.
Le bioéthanol se présente comme une alternative crédible à l’essence fossile, grâce à son prix attractif, ses performances climatiques (jusqu’à 70 % de réduction des émissions de CO₂), son ancrage agricole français. Mais il n’est pas exempt de limites : dépendance à des cultures alimentaires, émissions indirectes liées aux engrais et surconsommation de carburant.
Son avenir repose sur le développement de biocarburants de deuxième génération, issus de résidus ou déchets, sur une intégration cohérente avec d’autres solutions comme l’électricité ou l’hydrogène. À court terme, il constitue néanmoins une solution locale, accessible afin de décarboner la mobilité.
Questions de nos lecteurs
-
Il émet du CO₂ à la combustion, mais moins que l’essence fossile. Sur l’ensemble de son cycle de vie, l’E85 permet une réduction moyenne de 50 à 70 % des émissions de gaz à effet de serre.
-
Parce qu’il dépend encore de cultures alimentaires comme le maïs ou la betterave. Cela entraîne une concurrence avec l’agriculture vivrière et des impacts liés aux intrants comme à l’irrigation.
-
En 2025, le prix moyen du superéthanol E85 est de 0,73 à 0,80 €/L, soit près de 2 fois moins par rapport à l’essence SP95-E10.
-
Plusieurs constructeurs proposent des modèles flex-E85 (Ford, Jaguar, Land Rover, etc.). Par ailleurs, plus de 250 000 véhicules essence ont été convertis via un boîtier homologué en France.
-
Une surconsommation de +20 à +30 % est constatée. Sans boîtier adapté, le bioéthanol peut entraîner une usure prématurée des injecteurs, bougies ou durites. Le boîtier homologué est obligatoire pour réussir le contrôle technique.
-
La filière vise un E85 100 % renouvelable via la suppression de la part d’essence fossile. Elle mise sur les biocarburants de deuxième génération. Il restera une solution transitoire essentielle pour réduire les émissions du parc thermique existant.