Des grands rendez-vous sportifs au service de la durabilité
Dès 2023, le Maroc a été désigné pays hôte de la CAN 2025, prévue du 21 décembre au 18 janvier prochain. Un retour très attendu, puisque cela faisait 37 ans que le pays n’avait pas accueilli cette compétition continentale majeure. Au programme : 24 sélections nationales et 9 stades répartis dans 6 villes, Rabat, Casablanca, Agadir, Marrakech, Fès et Tanger ; une première historique. À titre de comparaison, la Côte d’Ivoire, hôte de l’édition 2023, avait rassemblé plus de 600 000 spectateurs au sein de 6 stades et villes selon le média africain Pulse.
Dans la foulée, le Royaume participera également à l’organisation du Mondial 2030 aux côtés de l’Espagne, du Portugal, de l’Uruguay, de l’Argentine et du Paraguay. C’est une édition centenaire aux multiples enjeux logistiques, économiques et surtout écologiques. Le coup d’envoi aura lieu en Amérique du Sud, terre du premier Mondial (Uruguay, 1930), avant que l’Europe et l’Afrique du Nord ne prennent le relais. La FIFA et son président Gianni Infantino ont ainsi confié à ces nations la mission de rendre le Mondial plus responsable, avec une pression particulière sur le Maroc, seul représentant africain du projet.
Une occasion en or pour accélérer la transformation verte
La CAN 2025 et la Coupe du Monde 2030 constituent une opportunité sans précédent pour faire du sport un vecteur de transition écologique. Le Maroc transforme ces compétitions en moteurs de changement : rénovation d’infrastructures, innovations énergétiques et modernisation urbaine convergent pour réduire l’empreinte environnementale sur et en dehors des terrains.
Des stades écoresponsables
Les stades accueillant les deux prochaines compétitions sont en cours de rénovation selon des critères environnementaux précis :
- utilisation de matériaux locaux et durables,
- amélioration de l’isolation,
- récupération et réutilisation des eaux,
- éclairages LED à faible consommation.
Chaque projet devient un modèle d’efficacité énergétique, contribuant à réduire les coûts et les émissions liées à leur exploitation et mise en place.
En parallèle de l’usage de matériaux recyclés, ces stades intègrent de nouvelles solutions de gestion durable :
- traitement des déchets,
- récupération encadrée des ressources naturelles,
- installation de panneaux photovoltaïques, systèmes de collecte des eaux de pluie et de toitures végétalisées.
D’après les estimations du Programme des Nations unies pour l’environnement, ces idées permettraient de diminuer d’environ 35 % les émissions de CO₂ par rapport aux infrastructures sportives classiques.
Des infrastructures sportives pensées pour la transition énergétique
Dans un contexte géographique et climatique particulier, le Maroc fait face à de multiples défis : stress hydrique, sécheresses accrues, inondations récurrentes et besoin de décarbonation. Les grands événements sportifs deviennent donc des terrains d’innovation à ciel ouvert, où le pays teste des solutions pour une croissance plus durable.
Développement des infrastructures électriques
Les grands chantiers prévus à Rabat, Casablanca, Tanger, Fès, Agadir et Marrakech s’intègrent dans une logique d’alimentation propre. Les nouvelles installations tirent parti du potentiel solaire et éolien marocain, avec des chantiers d’alimentation électrique décarbonée. Ce mouvement fait suite à des décisions gouvernementales prises dans le sens d’une écologie érigée en axe majeur du développement économique national.
Tanger – Parc solaire GreenPower Morocco 1
- Ce projet d’une capacité d’environ 30 MWc contribue à renforcer la production d’énergie solaire dans la région nord.
- Situé au sud de Tanger, il injecte de l’électricité verte directement dans le réseau national.
- Le chantier a été achevé en un délai record d’environ 18 mois.
Programme national de transition énergétique – Masen et Vision 2030
- L’objectif est d’atteindre plus de 50 % d’électricité verte dans le mix énergétique national d’ici 2030.
- Des centrales photovoltaïques et des parcs éoliens sont déployés dans plusieurs régions, profitant aux grandes métropoles du royaume.
Mobilité bas carbone et aménagement du territoire
Dans sa démarche de transition énergétique, le Maroc investit :
- dans le développement d’un réseau de transports propres par la ligne de train à grande vitesse reliant Tanger à Casablanca,réduisant le trajet à une 1h50 au lieu d’une moyenne de 3h30 ;
- dans la démocratisation des mobilités douces avec l’adoption croissante des trottinettes, bus électriques et vélos, et la création de 500 km de pistes cyclables dans les plus grandes villes.
Ces initiatives permettent de limiter les émissions liées aux déplacements des spectateurs et d’améliorer la qualité de vie urbaine au quotidien.
Le sport : « un puissant levier de développement durable »
Le projet est d’ailleurs reconnu par les institutions internationales, à l’image de Mark Bowman, vice-président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), parlant d’un projet exemplaire. Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) salue également l’initiative par le biais de sa représentante au Maroc, Iliara Caranvali. Cette dernière estime que le sport « constitue un puissant levier de développement durable », confirmant que le PNUD continuera d’accompagner le Royaume dans cette voie majeure.
Des projets qui dessinent une vitrine africaine de la transition écologique
Vice-président de la Confédération africaine de football et président de la Fédération royale marocaine de football, Fouzi Lekjaa prend cette question très au sérieux. L’été dernier, il a annoncé une série de mesures : meilleure gestion des ressources, compostage, valorisation des déchets issus des chantiers et des événements, ou encore mobilisation autour d’une finance verte.
Pour aller plus loin, découvrez notre article sur la valorisation des déchets.
Les limites d’un modèle encore en construction
À l’image de la Coupe du Monde 2022 au Qatar, qui a généré près de quatre millions de tonnes de CO₂, le football reste un secteur extrêmement énergivore. Outre la construction de stades de plus en plus technologiques et climatisés, les déplacements en avion des équipes et supporters ainsi que la diffusion télévisée mondiale pèsent lourdement sur le bilan carbone. De plus, une grande question se pose : que deviendront les infrastructures après la CAN et le Mondial ? L’exemple du Brésil après la Coupe du Monde 2014 illustre ce risque : les Auriverde avaient totalement délaissé leurs enceintes, désormais inutilisées et délabrées.
Le Maroc et les autres pays organisateurs devront donc veiller à maintenir leurs engagements au-delà de l’événement, en réutilisant les installations, en limitant les gaspillages et en poursuivant les efforts en matière de transparence environnementale. Ces défis rappellent qu’une transition énergétique réussie ne se mesure pas juste à travers la construction, mais aussi dans la durabilité de la gestion à long terme.
Un test grandeur nature pour un pays tourné vers l’avenir
La CAN 2025 servira de première évaluation pour cette vision. Elle permettra de mesurer la capacité du Maroc à conjuguer performance sportive et responsabilité écologique, dans un contexte mondial où les grands événements cherchent à se réinventer. Soutenant la région dans ses projets, la BERD et le PNUD chercheront très certainement à être satisfaits de leurs investissements. Plus qu’une simple compétition, cette CAN pourrait bien devenir le symbole d’une nouvelle ère énergétique, celle d’un pays africain où le football devient un acteur clé de la durabilité.
Au-delà des compétitions, le Maroc entend laisser un héritage durable. Le développement d’infrastructures vertes, la création de plus de trente mille emplois et la mise en avant d’une économie circulaire soutiennent la vision du roi Mohammed VI : faire du Royaume un modèle africain de durabilité. Ces actions renforcent également l’attractivité touristique et la confiance des investisseurs, tout en posant les bases d’un écosystème public vert.
Questions de nos lecteurs
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Le pays mise sur des stades plus sobres en énergie : éclairage LED, panneaux solaires, récupération des eaux de pluie et utilisation de matériaux locaux. L’objectif est de réduire la consommation et les émissions de CO₂ tout en améliorant la durabilité des infrastructures mises en place.
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Grâce à son influence mondiale, le football peut encourager des comportements plus responsables. Le club anglais Forest Green Rovers illustre ce modèle durable avec ses maillots 100 % vegan et son recours aux énergies renouvelables.
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Le pays développe la mobilité propre : train à grande vitesse, bus électriques et pistes cyclables. Ces projets visent à réduire la pollution liée aux trajets des spectateurs et à encourager des déplacements plus durables au quotidien.
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Oui. Le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) et la BERD ( Banque européenne pour la reconstruction et le développement) accompagnent le Maroc dans sa stratégie verte. Ils soutiennent la modernisation écologique des infrastructures et la mise en place de solutions énergétiques plus propres.
Comment le Maroc devient plus vert grâce au football ?
27 octobre 2025 - Tom Leray - Temps de lecture : 3 min
En moins de cinq ans, le Maroc s'apprête à accueillir plusieurs compétitions footballistiques d'envergure. La Coupe d’Afrique des Nations (CAN) cet hiver, puis le Mondial en 2030… Les Lions de l’Atlas se préparent à vivre ce que beaucoup qualifient de bascules historiques pour le pays. Comme dans tout événement de cette ampleur, les enjeux climatiques et environnementaux s’imposent, et les réponses ne tardent pas à se structurer.