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Julien Paque (TchaoMégot) : « Quoi de mieux que d’allier entrepreneuriat et écologie ? »

17 février 2025 - Pierre Manches - Temps de lecture : 3 min

Plenitude, énergie, écologie, recyclage des mégots

Julien Paque, 28 ans, a créé TchaoMégot alors qu’il était encore étudiant. Son idée ? Récupérer autant de mégots de cigarettes que possible  (il s’en jette quelque chose comme 25 000 tonnes chaque année en France ) et en faire… de la fibre isolante ! Rencontre avec un ingénieur au parcours inspirant.

Tchaomégot : une solution innovante pour le recyclage des mégots

Tout a commencé pendant un stage que vous avez fait dans le BTP il y a quelques années. Racontez-nous cela…

 Julien Paque – C’était en 2018. J’étais étudiant à l’Ecole des hautes études d’ingénieur de Lille (HEI) mais, de temps en temps, je rentrais chez mes parents et j’aidais mon père à la rénovation d’un vieux bâtiment, chez nous, dans l’Oise. Après avoir observé un mégot déchiqueté au sol, je me suis dit que ça ressemblait assez fortement à ce que je venais de manipuler, avec mon père. Je suis passé à autre chose, on avait du travail à faire, mais j’ai gardé cette idée dans un coin de ma tête. Plus j’y pensais et plus je me disais qu’il y avait peut-être là quelque chose à faire. Alors j’ai commencé à y réfléchir plus sérieusement et à étudier la question avec soin. Est-ce que, vraiment, les déchets issus d’un mégot de cigarette pouvaient avoir une quelconque utilité ? Je me suis passionné sur le sujet parce que je pressentais que cela allait pouvoir me permettre d’allier tout ce qui me tenait à cœur, à savoir l'entrepreneuriat et l’écologie.

Vous êtes diplômé en 2019 et vous créez officiellement TchaoMégot en 2020. Tout est allé décidément très vite pour vous…

Julien Paque – Oui en effet. Pour tout vous dire, j’ai même effectué mon stage de fin d’études… dans ma propre entreprise. Je suis devenu mon propre tuteur en créant ma société, ce qui est peu banal, j’en conviens. Mais j’avais cette idée fixe en tête. J’ai travaillé des heures, des semaines, des mois à développer les aspects techniques d’une solution de dépollution des mégots de cigarettes qui n’utiliserait ni eau ni aucun solvant toxique. L’idée était de pouvoir trouver un processus de transformation propre et capable d’extraire en concentré les substances toxiques présentes dans les mégots de cigarette. Après bien des recherches, c’est devenu une réalité puisqu’aujourd’hui on arrive à récupérer 99,7 % de la fibre propre, bien tenue à distance des 0,3 % restants de substances toxiques. Partant de là, puisque l’on parvient ainsi à dépolluer, nous pouvons donc ensuite recycler toute cette fibre récupérée, parfaitement propre.

Expliquez-nous comment vous procédez ?

Julien Paque – D’abord, pour les opérations de dépollution, et sans entrer dans nos secrets industriels, on broie d’abord les mégots, pour bien séparer les résidus de tabac du reste. Le tabac ira dans du compost. Tout le reste, fibres polluées et papier, est envoyé dans de grands bacs de dépollution pour y être traité, en circuit fermé, sans eau, j’insiste, et avec un solvant naturel et neutre. En moins d’une heure, on parvient à extraire les substances toxiques (qui seront envoyées à des laboratoires spécialisés pour être traitées) pour ne récupérer uniquement que des fibres désormais parfaitement dépolluées, inodores et directement exploitables. 

Plenitude, énergie, écologie, recyclage des mégots

Quels sont les débouchés ?

Julien Paque – Nous utilisons essentiellement ces fibres pour le rembourrage de doudounes ; des doudounes que l’on fabrique nous-mêmes, via des ateliers de couture installés à Saint-Omer. Il nous faut, aujourd’hui, des fibres issues de quelque 3500 mégots pour le rembourrage d’une seule doudoune, que nous vendons aux alentours de 180 euros. Pour l’heure, nous n’avons pas de clientèle de particuliers. Nous écoulons notre production auprès d’entreprises et de collectivités territoriales. Les fibres récoltées peuvent aussi servir de matériel isolant, thermique et phonique, pour les entreprises du bâtiment. Le potentiel d’exploitation est vraiment riche, il y a tellement à faire encore…

En quatre ans, vous avez déjà atteint 3 millions d’euros de chiffre d’affaires et vous employez 30 personnes, c’est une fierté pour vous ?

Julien Paque – Bien sûr, mais nous ne sommes qu’au début de l’aventure, je l’espère. En tout cas, c’est vrai, nous sommes bien loin de mes premières expérimentations, sous la serre du jardin de ma mère, à mes temps perdus. Aujourd’hui, nous disposons d’une usine industrielle aux normes, classée ICPE 2790 (autorisation par arrêté préfectoral pour le traitement de déchets dangereux, garantissant une filière conforme et aux normes, Ndlr) à Bresles, dans l’Oise. Courant 2024, nous avons procédé à une levée de fonds de 3,6 millions d’euros, pour un investissement total de l’ordre de 5 millions d’euros. Nous avons acheté de nouvelles machines, pour gagner en efficacité, et l’objectif, sur ce site qui s’étend sur 1600 m², est de pouvoir passer de 10 tonnes traitées chaque année à 300 tonnes. Comme vous le voyez, on accélère. Et, pour suivre la cadence, nous avons besoin de récupérer davantage de mégots. C’est l’autre pan de notre activité, en amont de cette transformation industrielle. Chaque année, ce sont 20 000 à 25 000 tonnes de mégots qui sont jetés en France. Dans la nature, ils mettront plus de dix ans à se décomposer naturellement. C’est une catastrophe environnementale et c’est pourquoi nous mettons à disposition de nos clients des kits de collecte pour que les fumeurs puissent y jeter leurs mégots en toute sérénité. Depuis l’année dernière, on trouve même quelques-uns de nos cendriers récupérateurs à l’Elysée. Ça aussi, c’est une grande fierté, car ce partenariat vient renforcer et crédibiliser notre démarche.

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